• Dirigeants Augmentés
  • Posts
  • Dirigeants Augmentés : Votre PME, un dommage collatéral + Votre corps, votre dernier rempart

Dirigeants Augmentés : Votre PME, un dommage collatéral + Votre corps, votre dernier rempart

Bonjour à tous,

Bienvenue dans l'édition de la semaine. Une fois par semaine, je partage mes réflexions sur les signaux qui impactent votre business. Sans formalité, sans publicité – du concentré pour des dirigeants qui naviguent dans le brouillard.

Le monde des affaires n'est plus un échiquier. C'est un champ de bataille.

Une guerre hybride où les fronts sont multiples.

Le premier front est visible, externe. C'est celui des guerres commerciales, des menaces politiques, des chaînes de valeur qui se brisent. Une guerre de déstabilisation où l'incertitude est devenue l'arme principale. Nous allons la décortiquer.

Le second front est invisible, interne. C'est celui que vous menez contre vous-même. Contre le stress, la solitude, la paralysie qui guette chaque dirigeant. C'est une guerre d'usure, silencieuse, mais tout aussi décisive. Nous allons l'adresser.

Car que vaut la meilleure des stratégies si le général est au bord de l'implosion ?

Commençons par le front extérieur.

Semi-conducteurs : quand l'incertitude devient une arme

Une menace de Donald Trump sur les semi-conducteurs agite la presse économique cet été. La plupart des commentateurs se sont perdus en conjectures sur l'applicabilité d'une taxe à 100 %.

Ils ratent l'essentiel.

Le vrai sujet n'est pas de savoir si cette taxe sera appliquée. Le vrai sujet, c'est de comprendre que dans la guerre économique actuelle, l'incertitude est devenue une arme de déstabilisation massive.

Et votre PME est en première ligne.

1. Le coup de semonce : les faits, rien que les faits

Rappelons la séquence.

Début août, Donald Trump évoque la possibilité de taxer à 100 % les puces électroniques importées aux États-Unis.

Panique à bord ? Pas si vite.

Dans les faits, un accord avec l'UE a déjà instauré une taxe de 15 % sur les puces finies, comme celles du franco-italien STMicroelectronics. Les équipements, comme ceux du néerlandais ASML, sont pour l'instant épargnés.

Ce 15 % est déjà un caillou dans la chaussure de la compétitivité européenne.

La menace des 100 %, elle, est une autre paire de manches. C'est le jab du boxeur destiné à faire douter, à tester la garde. L'objectif avoué n'est pas de taxer, mais de forcer les grands acteurs (comme le géant taïwanais TSMC) à investir massivement sur le sol américain.

Le message est clair : "Jouez selon mes règles, ou préparez-vous à souffrir".

2. L'incertitude comme arme de déstabilisation massive

Vous devez comprendre la mécanique profonde de cette annonce.

Le véritable poison n'est pas la taxe. C'est l'attente. Le flou. L'incertitude.

Une taxe, même élevée, est un paramètre quantifiable. On peut l'intégrer dans un business plan, ajuster ses prix, chercher des alternatives. C'est un problème d'ingénieur.

L'incertitude, elle, paralyse.

Elle gèle les décisions d'investissement. Faut-il continuer le projet d'extension de l'usine en Europe, comme STMicroelectronics à Crolles, si son partenaire américain Globalfoundries est incité à rapatrier ses billes aux US ?

Elle complexifie les chaînes d'approvisionnement. Comment négocier des contrats long terme avec vos fournisseurs asiatiques si leur accès au marché américain peut être coupé du jour au lendemain ?

Elle rend tout forecast obsolète.

Trump n'a pas besoin de signer le décret pour gagner. Il lui suffit de maintenir la menace. De créer un environnement où la seule certitude est que rien n'est certain. Dans ce nouveau paradigme, la visibilité n'est plus un objectif. La résilience devient la seule compétence qui compte.

3. Votre PME, dommage collatéral ou acteur stratégique ?

"Tout ça, c'est pour les grands groupes", me direz-vous.

Erreur.

Vous êtes au bout d'une chaîne de valeur globale. Même si vous ne fabriquez pas de puces, vos machines en contiennent. Vos produits en intégreront. Vos clients en dépendent.

La question n'est pas "Est-ce que je vais être touché ?". La question est "Comment et quand ?".

Plutôt que de subir, il est temps de se poser les bonnes questions. C'est une suggestion, une piste de réflexion :

  • Avez-vous une cartographie précise de vos dépendances critiques ? Pas seulement vos fournisseurs de rang 1. Mais ceux de rang 2 et 3. Savez-vous si le composant essentiel de votre machine-outil allemande dépend d'une puce fabriquée à Taïwan, elle-même conçue avec des technologies américaines ?

  • Votre analyse de risque est-elle uniquement financière ? Ou intègre-t-elle désormais le risque géopolitique comme une variable majeure ? Avez-vous un plan B si un de vos fournisseurs-clés se retrouve sur une liste noire américaine ?

  • Quelle est votre stratégie de souveraineté ? À votre échelle, cela ne veut pas dire tout produire en France. Mais peut-être diversifier les sources d'approvisionnement, privilégier des partenaires européens, ou encore internaliser une compétence que vous jugiez non essentielle hier.

Le monde ne va pas se simplifier. Cette guerre commerciale larvée, qui ressemble de plus en plus à la bataille Airbus/Boeing, n'est qu'un début.

L'enjeu n'est plus d'avoir le meilleur produit. C'est d'avoir la chaîne d'approvisionnement la plus robuste et la stratégie la plus agile.

Le pouvoir a changé de main. Il n'appartient plus à celui qui produit, mais à celui qui maîtrise les flux et anticipe le chaos.

Voilà pour le front extérieur. Brutal. Imprévisible.

Une partie de poker où vos fournisseurs et vos clients ne sont que des cartes dans le jeu d'un autre. Subir cette pression est déjà une épreuve.

Mais la guerre la plus dure n'est pas toujours celle que l'on croit.

Cette tension géopolitique et économique constante a un coût. Elle s'infiltre. Elle érode votre clarté. Elle draine votre énergie. Elle ralentit votre capacité à décider.

C'est une attaque directe sur votre ressource la plus critique : vous.

La vraie question n'est donc plus seulement "comment protéger mon entreprise ?". Mais "comment me blinder pour tenir le choc ?".

Alors, comment on arme le poste de pilotage ?

L'arme la plus sous-estimée du dirigeant ne se trouve pas au bureau

La solitude du dirigeant n'est pas un mythe. C'est un étau qui se resserre en silence.

Chaque jour, vous portez le poids des décisions, la pression des résultats, l'incertitude des marchés et la charge émotionnelle de vos équipes. Vous êtes le paratonnerre. Le rempart. Et ce rôle a un coût. Un coût physique, mental, qui s'accumule en silence jusqu'au point de rupture.

Face à cette implosion lente, beaucoup cherchent des solutions complexes : coaching, séminaires, lectures stratégiques...

Ils regardent dans la mauvaise direction.

L'arme la plus puissante pour blinder votre mental ne se trouve pas dans votre bibliothèque ou votre salle de réunion.

Elle se trouve dans votre agenda, à la ligne que vous reportez sans cesse : "Sport".

Ouvrez votre agenda. Je parie qu'il ressemble à un champ de bataille.

Des blocs de réunions qui s'enchaînent. Des créneaux "urgents" qui cannibalisent le temps de la réflexion. Chaque minute est optimisée, traquée, rentabilisée. Vous êtes le maître du temps, le virtuose de la productivité.

Et pourtant, vous êtes épuisé.

La clarté s'enfuit. Les décisions deviennent lourdes. Le brouillard mental s'installe, tenace, malgré un agenda parfaitement maîtrisé.

C'est là que se trouve l'erreur de calcul. L'erreur que commettent 99% des dirigeants.

Vous avez passé des années à protéger votre ressource la plus visible : le temps. Mais vous avez laissé votre véritable capital se consumer en silence : votre énergie, votre clarté d'esprit.

C'est ce qui sépare l'amateur du professionnel.

L'amateur voit cette heure de sport, ce moment de décompression physique, comme une ligne de coût dans son agenda surchargé. Une corvée. Une dépense de temps.

Le professionnel, lui, y voit la seule ligne d'investissement qui compte vraiment. Le seul placement qui protège et fait fructifier son capital principal : sa propre capacité à performer.

Considérer l'exercice comme une option est un luxe que vous ne pouvez plus vous permettre. Ce n'est pas une question de bien-être.

C'est une question de "survie opérationnelle".

2. L'entraînement n'est pas une option, c'est une arme stratégique

Arrêtez de voir le sport sous le prisme de la santé. Voyez-le comme un outil de management et un multiplicateur de performance.

Un rendez-vous régulier avec vous-même, programmé avec la même rigueur qu'un comité de direction, devient un antidote direct à vos douleurs les plus profondes.

Contre la charge mentale et le stress chronique : L'effort physique intense est la seule soupape de décompression réellement efficace. Il agit comme un reset chimique, forçant votre cerveau à se déconnecter des boucles d'anxiété pour se concentrer sur l'essentiel : respirer, bouger, survivre. C'est un exutoire mécanique pour la pression psychologique.

Contre la solitude du dirigeant : Ces heures n'appartiennent qu'à vous. C'est un sanctuaire. Un moment où vous n'êtes plus un patron, un mari, un père. Vous êtes juste un corps en mouvement. Cet isolement choisi et maîtrisé est le contrepoison de la solitude subie du bureau.

Contre la paralysie décisionnelle : Un corps poussé dans ses retranchements vide l'esprit du bruit. La fatigue physique saine engendre la clarté mentale. C'est souvent après l'effort, lorsque le tumulte intérieur s'est apaisé, que les solutions aux problèmes les plus complexes apparaissent comme des évidences.

L'exercice physique n'est pas une distraction de votre travail de dirigeant.

C'est le travail.

C'est la maintenance de l'outil de production principal : vous.

3. Intégrer le non-négociable : passer de la corvée au rituel

"D'accord, mais comment ?"

La clé n'est pas la motivation. La motivation est une émotion. Elle fluctue.

La clé est la discipline. La discipline est un système. Elle est stable.

Oubliez le mythe de "l'heure de sport par jour". C'est un dogme pour ceux qui n'ont pas vos contraintes. Dans la réalité, le transport et la préparation peuvent tripler ce temps. C'est intenable.

La vraie discipline est de viser un système efficace : 2-3 séances par semaine.

Même les dirigeants les plus structurés peinent à tenir une moyenne de 3 séances hebdomadaires sur l'année. L'enjeu n'est pas la perfection quotidienne, mais la constance systémique.

Traitez ces 2 ou 3 créneaux comme des rendez-vous stratégiques non-négociables. Bloquez-les dans votre agenda. Protégez-les comme vous protégeriez une réunion avec votre client le plus important. Personne ne peut y toucher. Pas même vous.

Choisissez une activité qui ne vous ennuie pas à mourir. Peu importe quoi. Course, musculation, vélo, natation. L'important est que l'effort soit suffisamment intense pour imposer une déconnexion mentale. Si vous pouvez encore penser à vos tableaux Excel en le faisant, ce n'est pas assez dur.

Arrêtez d'attendre le moment parfait. Trois à quatre heures par semaine. C'est moins de 3% de votre temps éveillé. Si vous pensez ne pas pouvoir investir 3% de votre temps dans la maintenance de votre atout le plus critique, le problème est plus profond qu'un simple agenda surchargé.

Ce n'est pas un luxe. C'est la fondation sur laquelle repose tout le reste.

Votre lucidité, votre résilience, votre capacité à tenir dans la durée... Votre leadership.

Votre vie, littéralement, en dépend.

Armure externe, blindage interne : la synthèse du dirigeant

Imaginez un instant le dirigeant que vous êtes.

Un stratège penché sur la carte du monde, analysant les menaces, anticipant les mouvements de l'adversaire. L'armure intellectuelle est prête.

Maintenant, imaginez ce même dirigeant, à 6h du matin. Un athlète qui prépare son corps à l'endurance, à la douleur, à la discipline. Le blindage physique et mental se forge.

Cette double identité n'est plus une option. C'est la nouvelle norme du leadership.

Mais cette discipline ne sert à rien si le terrain de jeu lui-même change de règles sans prévenir. C'est précisément ce qui se passe avec l'innovation des modèles d'affaires.

Et si votre industrie n'était pas celle que vous croyez ? Et si les vraies menaces ne venaient pas de vos concurrents directs, mais de modèles que vous n'avez même pas encore identifiés ?

La prochaine édition sera consacrée à cette révolution silencieuse.

Le défi que je vous lance : partagez cette newsletter avec le seul pair que vous estimez capable de mener une guerre sur deux fronts. Voyons s'il est prêt pour la suite.

Eric

P.S. L'intérêt pour l'édition confidentielle du mercredi se confirme. Je maintiens l'objectif : l'accès sera ouvert à une nouvelle cohorte en septembre.

La liste prioritaire pour être informé de l'ouverture se remplit. Pour y figurer, il suffit de répondre à cet email avec le mot "Confidentiel".